Un périple cambodgien en gravel 

Jean-Benoit Portier, en plus d’être un président d’un club de rugby (SCO RUGBY ANGERS), est un cycliste aventurier. Nous l’avions suivi lors d’un voyage au Sénégal, le voici sur les routes cambodgiennes, toujours avec son gravel. Voici : Un périple cambodgien en gravel. Merci, Jean-Benoit, pour cette respiration asiatique.

En février 2024, j’ai embarqué pour le Cambodge, animé par le désir de poursuivre mes aventures à vélo. J’avais découvert le gravel  à Angers lors de l’événement Nature Is BIKE en 2021. Après des voyages en solo  au Sénégal et au Vietnam, et à la suite d’une pause en 2023 pour des raisons de santé, j’étais prêt à me lancer dans une nouvelle aventure solitaire, animé d’une volonté de redécouverte.

Les enseignements tirés de mes précédents voyages, notamment sur l’importance  de la préparation et la richesse insoupçonnée des imprévus, m’ont préparé pour cette aventure. Le gravel, synonyme de liberté, promettait une immersion unique dans les paysages cambodgiens, loin des sentiers battus.

1- Préparation et matériel : les clés d’une aventure à vélo réussie

Lorsque l’on se lance dans une aventure à vélo à travers des contrées lointaines et variées comme le Cambodge, la préparation et le choix du matériel deviennent primordiaux. Pour ma part, mon fidèle compagnon de route est un Specialized Sequoia, un gravel robuste et fiable, idéal pour les défis que représente un tel voyage.

gravel et l'éléphant

2- Choix et entretien du vélo

Bien que je ne sois pas un expert en mécanique, je m’assure que mon vélo soit toujours en condition optimale avant de partir. Pour cela, je confie mon Specialized Sequoia aux mains expertes des Cycles CESBRON, où une révision spécifique est effectuée. Anticipant les terrains sableux que je pourrais rencontrer au Cambodge, ils ont équipé mon vélo de pneus Hutchinson Toundra, parfaits pour maintenir l’adhérence dans les passages difficiles.

3- Transport du vélo Un Périple Cambodgien en gravel

Pour le transport, mon vélo se démonte et se range dans une housse de transport Thule, spécialement conçue pour le voyage aérien. Il est rassurant de savoir que la plupart des compagnies aériennes acceptent les vélos en soute, bien que les conditions varient d’une compagnie à l’autre.

gravel dans sa housse

4- Le Kit de réparation et l’allègement du bagage

En termes d’équipement, je voyage léger. À part le matériel de réparation essentiel pour les crevaisons et un kit de réparation de chaîne (que, par chance, je n’ai jamais eu à utiliser), je n’emporte que l’essentiel. Cela inclut une chambre à air de rechange et un pneu de rechange, car mieux vaut prévenir que guérir.

Mon sac à dos reste léger, complété par une sacoche de selle et une autre sur le guidon pour mes effets personnels et quelques outils. Une petite sacoche sur mon cadre accueille mon téléphone et quelques bricoles. La simplicité est de mise pour les vêtements : étant seul, je recycle mes tenues et profite des installations des hôtels pour faire une lessive rapide, le linge séchant rapidement sous le climat cambodgien. Un Périple Cambodgien en gravel

5- Hydratation et alimentation Un Périple Cambodgien en gravel 

L’hydratation et l’alimentation sont cruciales. Je me ravitaille régulièrement en eau et en fruits, frais ou secs, pour maintenir mon énergie. La régularité de l’apport en nutriments et en liquides est essentielle pour éviter le fameux “coup de barre”.

cuisine cambodgienne

6- Navigation et suivi de performance

Pour la navigation et le suivi de ma performance, je m’appuie sur ma montre Polar V3 qui me fournit des données précieuses sur mon rythme cardiaque, ma fréquence de pédalage, et ma consommation calorique. Cette montre est un atout pour gérer mon effort et éviter de m’épuiser prématurément. Mon téléphone sert de GPS secondaire, une sécurité supplémentaire pour éviter de me perdre.

Ces préparatifs et choix de matériel sont le fruit de mes expériences passées et se veulent un guide pour ceux qui envisagent de se lancer dans une aventure similaire. L’important est de bien connaître ses équipements, de se préparer pour les conditions spécifiques du voyage et, surtout, de profiter de chaque moment sur la route.

Un Périple Cambodgien en gravel 

7- GPS Garmin : LE compagnon de route indispensable

Pour suivre le tracé que j’ai soigneusement préparé, j’utilise un GPS Garmin, un dispositif de navigation fiable et conçu spécifiquement pour les aventures en extérieur. Avant le départ, j’importe mon itinéraire, élaboré sur le logiciel Komoot, directement dans mon GPS Garmin. Cette préparation me permet de bénéficier d’une navigation précise et intuitive, me guidant à travers les chemins et pistes cambodgiennes avec une grande fiabilité.

Le GPS Garmin se distingue par sa robustesse et sa capacité à capter les signaux satellites même dans des conditions difficiles, ce qui est crucial pour rester sur le bon chemin, surtout dans des régions reculées ou peu couvertes par les réseaux mobiles. Cet outil est donc mon principal guide, me permettant de suivre mon tracé préparé avec assurance, tandis que mon téléphone sert de système de navigation secondaire, offrant une redondance bienvenue en cas de besoin.

8- De la préparation à l’immersion

Le voyage s’est amorcé par une phase de préparation sérieuse, durant laquelle j’ai plongé dans les détails du parcours, à l’aide de Komoot, un logiciel de planification d’itinéraire et de google maps pour la recherche d’hébergement et la vérification de la qualité des chemins et des voies. C’est très excitant car on est déjà dans le voyage.

Le parcours et les étapes sont fonctions des routes et des pistes praticables mais surtout des points de chutes pour pouvoir dormir. Car pour les étapes les plus longues après 6 heures de vélo sous 37 degrés on n’est pas frais pour faire quelques kilomètres de plus pour trouver une Guest house ou un hotel.

Mon arrivée à Phnom Penh, après 17 heures de vol a été marquée par une première déconvenue : mon vélo qui était en bagage accompagné dans sa housse spéciale, ne m’avait pas suivi. Heureusement, l’attente redoutée ne fut que d’une demi-journée. Ce contretemps résolu, et après avoir remonté mon vélo, j’ai pu commencer mon aventure.

Je démarrai dès le lendemain par une étape de découverte autour de Phnom Penh, une expérience initiatique et d’échauffement  face à la chaleur et au décalage horaire. Cette première journée me permit de comprendre que le périple n’allait pas être une simple balade.

Un Périple Cambodgien en gravel 

9- Rencontre avec Jim Hershey : un lien transcontinental et la passion du Rugby

Une des rencontres marquantes de mon voyage fut sans doute celle avec Jim Hershey, un expatrié américain vivant au Cambodge depuis 2018. Je l’avais contacté par notre réseau WhatsApp pour lui annoncer ma venue au Cambodge. Travaillant dans le développement agricole, Jim partage avec moi une passion pour le rugby.

Anciens joueurs des Lamberts tous les deux, un club d’expatriés à Abidjan, notre lien transcende les années et les continents. Malgré le fait que nous ayons joué dans l’équipe des Lamberts à des périodes différentes, l’esprit des Lamberts – caractérisé par la convivialité, la joie, l’humour, et l’ouverture aux autres – nous unit. Cette soirée passée en compagnie de Jim et de son épouse a incarné l’essence même de ce que le sport et le voyage peuvent tisser comme liens entre les individus. Un Périple Cambodgien en gravel

10- L’adaptation en cours de route Un Périple Cambodgien en gravel

Mon aventure s’est vite transformée en un test de résilience et d’adaptabilité, confronté aux défis du climat et à mes limites physiques. Face à cela, j’ai dû adapter mon itinéraire, privilégiant l’exploration approfondie des temples de Siem Reap plutôt que la distance. J’ai dû reconsidérer mon itinéraire et l’adapter à mes 62 ans. Cette décision, loin d’être un renoncement, a été une adaptation stratégique, me permettant de savourer chaque moment sans la pression des kilomètres à parcourir.

Car en Gravel on ne mesure pas les kilomètres mais le temps passé sur son vélo. On peut rouler à 10-12km/h sur certaines pistes et avancer à 20-22 km/h sur de bonnes routes. Cette flexibilité a transformé mon voyage en une expérience plus riche, me permettant de vivre chaque moment pleinement.

séchage

11- Alimentation, hydratation et découvertes culturelles

Au-delà des kilomètres, mon voyage a été émaillé de découvertes culinaires, de rencontres humaines et d’une immersion dans la dualité du Cambodge. La nourriture locale, riche en saveurs et en couleurs, et une hydratation scrupuleuse ont été mes alliés dans cette aventure sous les tropiques. Les échanges avec les habitants, les pauses dans les temples, les sourires des enfants et les échanges, parfois muets, parfois aidés par la technologie, ont enrichi mon voyage d’une dimension profondément humaine.

12- Les temples d’Angkor : apogée de l’aventure Un Périple Cambodgien en gravel

La découverte à vélo des temples d’Angkor a été le point culminant de mon périple. Parcourir 150 km à travers les pistes et la forêt avoisinante m’a offert une perspective unique sur ces merveilles architecturales. La découverte des temples d’Angkor, avec leur architecture grandiose et leur histoire riche, a été une véritable révélation.

Parcourir ces sites, où la nature a souvent repris ses droits, m’a offert un aperçu unique de cette civilisation autrefois florissante mais aujourd’hui disparue. Ces édifices, engloutis par la jungle ou fièrement dressés, racontent des histoires de grandeur, de spiritualité et de déclin.

Le contraste entre la majesté des temples et l’étreinte implacable de la nature m’a profondément touché, soulignant la fragilité et l’éphémère de l’existence humaine face à la force indomptable du monde naturel. Cette exploration est une invitation à méditer sur la grandeur et l’humilité, offrant une perspective poignante sur la marche du temps et l’empreinte que nous laissons derrière nous.

13- Un moment historique : le décès du grand patriarche suprême Tep Vong

Mon voyage a été marqué par un événement impressionnant : le décès du Grand Patriarche Suprême Tep Vong. Je me suis retrouvé par hasard à partager un moment inoubliable, auprès du défunt quelques instants après sa mort. J’étais parmi les moines qui priaient pour accompagner le Patriarche Suprême dans ce moment de deuil qui a touché la nation.

Ces moments ont  ajouté une profondeur culturelle et humaine à mon expérience, me permettant de témoigner de la spiritualité et de la solennité du peuple cambodgien.

14- Réflexions sur un voyage solo

La rencontre avec le Cambodge, à travers ses paysages, sa culture, et surtout ses habitants, a été une aventure de découverte et de transformation personnelle. Voyager seul m’a confronté à moi-même, me forçant à sortir de ma zone de confort tout en appréciant la liberté qu’offre cette solitude choisie. Les liens maintenus avec ma famille via WhatsApp, les rencontres en chemin, tout cela a composé une toile de souvenirs et d’apprentissages, rendant cette expérience solitaire incroyablement riche.

Tous ces souvenirs seront à l’abri grâce à l’application toodays.me qui permet de conserver de manière pérenne ce fabuleux trésor émotionnel.Un Périple Cambodgien en gravel

15- Conclusion : une odyssée cambodgienne

Ce voyage au Cambodge transcende la simple aventure à vélo ; c’est une quête de sens, de liberté, un parcours d’adaptation et d’ouverture. À travers chaque coup de pédale, chaque rencontre et chaque adaptation, j’ai redécouvert ma capacité à surmonter les obstacles et à embrasser pleinement l’instant présent, fortifié par les liens tissés et les leçons apprises sur la route. Ce périple au Cambodge transcende l’idée même d’aventure à vélo ; c’est une quête personnelle, un chemin d’adaptation et de découverte. 

Merci à Jean-Benoit Portier pour le partage de ce souvenir.

P&P

Photo de couverture : le gravel et l’éléphant

Philippe & Peggy
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